Fleur de safran du quercy

Fleur de safran du quercy

Histoire de jardiniers

Du Safran dans le Quercy ? Surprenant !

On assimile le safran, épice, aux pays chauds et non à un petit coin de France au climat tempéré. Or, il faut savoir qu'en Iran, 1er producteur mondial (en quantité) et au Maroc par exemple, le safran pousse sur des hauts plateaux où les hivers sont peut-être plus froids que ceux du Quercy. En fait, cette épice a besoin de saisons contrastées.

Le safran a voyagé dans le temps et dans l’espace grâce à une chaîne ininterrompue de jardiniers qui ont répandu sa culture.

Un cycle original :

Le safran est une plante à bulbe, comme la tulipe. Il est à végétation inversée : en repos pendant l'été, il sort directement sa fleur aux premiers froids, en Octobre généralement. Il accomplit ensuite tout son cycle végétatif (feuilles et multiplication des bulbes sous terre) pendant l'hiver. 

On le plante en été à 15 cm de profondeur pour le protéger du gel avec un espacement de 8 cm pour laisser suffisamment de place à son développement ultérieur. En effet, il restera en place au moins jusqu'à la troisième récolte supposée être la meilleure.
A ce moment-là, on déterrera toute sa progéniture que l'on triera pour éliminer tout bulbe suspect (ses principaux ennemis sont les champignons qui les attaquent) et on replantera ailleurs les heureux sélectionnés afin de leur donner plus d'espace vital.

Une belle capricieuse :

Le safran est  le pistil d’une unique variété de crocus, le sativus. On ramasse la fleur en plein champ puis, au dessus d'une table car c'est une opération délicate, on sépare l’épice de la fleur avant de la faire sécher.
Le travail de récolte est difficile à gérer : pendant 3 semaines, une personne suffira un jour à la cueillette, l’émondage et le séchage de l’épice et le lendemain, sans crier gare, il faudra 10 personnes pour en venir à bout !
De plus, le safran est sans nul doute la plante la plus lunatique qui soit :

Malgré l'étude des différents textes consacrés à sa culture, les efforts des producteurs qui depuis 8 ans notent scrupuleusement toutes leurs interventions et méthodes afin de tenter d'établir des parallèles et les laboratoires qui l'étudient et nous font progresser, certes, mais à pas de fourmis, nous en sommes toujours aujourd'hui à la même constatation :

Chez 2 producteurs qui vont planter des bulbes de même provenance, sur des terrains identiques (même exposition et type de terrain avec analyses similaires), le même jour et en suivant des façons culturales semblables, les résultats pourront être totalement disparates : l'un obtiendra de superbes récoltes tandis que chez l'autre, les bulbes dépériront jusqu'à
disparaître !

Ce caractère aléatoire se retrouve aussi chez un même producteur d’une année à l’autre !

Une incertitude identique régit la culture du safran et de la truffe, sa voisine dans le Quercy.
Personne, pas même si vous utilisez des plants certifiés, ne pourra jamais vous garantir avoir des truffes un jour quand vous plantez des truffiers !


Dame nature garde bien ses mystères !